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La plupart des MNP ne sont pas habilités à formuler des recommandations contraignantes. Certains d'entre eux - généralement des commissions nationales des droits de l'homme ou des institutions de médiation – ont ce pouvoir mais, même dans ce cas, ces organes ne font que rarement - voire jamais - usage de cette prérogative. Cela s’explique par le fait que le recours au dialogue et à la persuasion se révèlent presque toujours plus efficaces – en effet, même s’il est possible de contraindre une autorité réticente à mettre en œuvre le contenu d'une recommandation, il est beaucoup plus probable de parvenir aux changements souhaités si les autorités en comprennent la logique et adhèrent à l’objectif poursuivi.

Si leurs recommandations ne sont pas mises en œuvre, les MNP peuvent réagir de différentes manières. Elles peuvent tout d’abord chercher à déterminer pourquoi une recommandation n’est pas mise en œuvre. Cela dépend en grande partie de la thématique de la recommandation ; de son ampleur (si elle vise à traiter un problème à court, moyen ou long terme) ; de son caractère systémique ou spécifique. Il est beaucoup plus facile pour un MNP d’identifier les causes de l’absence de mise en œuvre lorsqu’il s’agit d’une recommandation spécifique portant sur une procédure simple et assortie d’un délai de mise en œuvre court que lorsqu’une recommandation porte sur des questions complexes et systémiques nécessitant une action sur la longue durée. Les MNP doivent cependant toujours se poser certaines questions clés : les autorités étatiques ont-elles bien compris la recommandation et ses objectifs ? La mise en œuvre est-elle confrontée à des difficultés d’ordre budgétaire ? La recommandation suscite-elle la résistance d'un individu ou d'une institution spécifique ? Une fois ces obstacles identifiés, les MNP peuvent élaborer une stratégie appropriée afin de les surmonter. Cela peut inclure un travail d’explication ou de reformulation de recommandations qui manquent de clarté ; un plaidoyer auprès d’autorités spécifiques, notamment le Parlement ; ou l’organisation de rencontres avec des individus et des institutions clés afin de comprendre la raison de leurs résistances et de les surmonter. Certains MNP s’appuient également sur les médias comme levier de pression sur les autorités, notamment lorsque d'autres méthodes de persuasion se sont avérées inefficaces.

Afin de surmonter ces obstacles, il peut également être utile de procéder à une analyse systématique de l’ensemble des organisations et individus susceptibles de contribuer à la mise en œuvre d'une recommandation. Un élément clé de ce type d'« analyse des parties prenantes » consiste à examiner la nature du pouvoir exercé par les institutions et individus concernés ou leur niveau d’engagement par rapport à une recommandation ou à une priorité spécifiques. Cela peut aider les MNP à identifier les acteurs que son action de plaidoyer devrait cibler en priorité - par exemple, ceux qui sont en position de pouvoir mais sont faiblement engagés sur la thématique en question (ce qui peut inclure des parlementaires, des ministres concernés ou les médias), ainsi que les acteurs susceptibles de constituer des partenaires efficaces dans le cadre d’une coalition ou d’un plaidoyer visant à faire pression pour favoriser un changement (par exemple, les groupes portant un intérêt pour la question mais ayant peu de leviers de pouvoir à disposition lorsqu’ils agissent de manière isolée – par exemple des ONG ou des familles de victimes).

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