Un certain degré de violence, générée par la privation de liberté elle-même, ainsi que les tensions et frustrations qui l’accompagnent, existe dans tous les environnements fermés. Certains facteurs de risque particuliers favorisent cependant la commission d’actes de violence entre détenu·e·s :
• La surpopulation est une des raisons principales conduisant à une accentuation des risques de violence au sein des prisons. Non seulement la surpopulation génère davantage de promiscuité entre les détenu·e·s, avec les tensions qui en découlent, mais elle limite également l’accès aux différents services, aux prestations, aux formations et aux activités récréatives. Les détenu·e·s se voient ainsi davantage livrés à eux/elles-mêmes, avec moins de contrôle de la part des autorités, et dans des conditions de tension accentuée. Le ratio inadapté entre le personnel et la population détenue qui découle généralement des situations de surpopulation ne fait que contribuer à réduire les mesures d’encadrement et créer des situations d’insécurité pour les détenu·e·s les plus vulnérables.
• La corruption est un facteur favorisant la violence au sein des prisons : non seulement elle envoie le signal que des comportements illicites sont tolérés, mais surtout elle génère un système parallèle de circulation des biens, de privilèges et de punitions, que ce soit avec l’aval tacite des autorités ou avec sa participation directe. La corruption et l’absence de contrôle sur les biens et marchandises disponibles en prison favorisent également la circulation de produits dangereux et interdits, tels que les armes ou les drogues, mettant en péril la sécurité des personnes détenues. La corruption se traduit également par la « vente » d’espace, de lits ou de protection, les détenu·e·s les plus démuni·e·s risquant de dormir sur le sol ou d’être brutalisé·e·s, faute de moyens financiers pour assurer leur protection.
• La violence entre détenu·e·s peut être, dans les situations les pires, directement encouragée, lorsque les agent·e·s se permettent des conduites abusives, voire maltraitent les personnes détenues, générant ainsi un climat d’impunité et de non-droit. Mais il peut également exister une tolérance à la violence, lorsque les autorités détentrices et les agent·e·s ne sont pas en mesure, par manque de formation ou par insuffisance numérique, d’appliquer leur devoir de vigilance et de faire en sorte qu’aucune personne détenue ne soit victime d’actes de violence par des codétenu·e·s. La sélection et la formation des agent·e·s de détention, y compris concernant la gestion des conflits, représentent donc des éléments déterminants. Lorsque le processus de sélection est défaillant et la formation inadéquate, le personnel risque de contribuer au développement de violences au sein des institutions.
• Les établissements pénitentiaires et les prisons devraient toujours dépendre d’autorités civiles (Ministère de la Justice ou équivalent). Les prisons sous la responsabilité d’autorités militaire ou de police se caractérisent par davantage d’autoritarisme, mais également de violence entre détenu·e·s.