Exercice en plein air

Éléments clés

Toutes les personnes détenues ont le droit à une heure par jour minimum d’exercice en plein air. Cela est essentiel pour leur bien-être mental et physique. Des installations appropriées doivent être mises à disposition ; elles doivent en outre être suffisamment grandes, sûres et équipées pour donner la possibilité réelle de faire de l’exercice et de se récréer. Les détenu·e·s ne devraient pas être découragé·e·s de pratiquer l’exercice en plein air, que ce soit par manque d’abri contre la pluie, à cause de pratique de corruption, ou d’une sécurité défaillante pour les détenus. Les autorités pénitentiaires devraient veiller à ce que toutes les personnes détenues aient accès aux exercices en plein air, y compris celles se trouvant en ségrégation ou en isolement, ainsi que les détenu·e·s en situation de vulnérabilité.

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Analyse

L’importance de l’exercice en plein air

L’exercice en plein air est essentiel au bien-être mental et physique des détenu·e·s, dans le cadre d’un programme équilibré d’activités en prison. Cela est d’autant plus vrai que bon nombre de détenu·e·s passent le plus clair de leur temps à l’intérieur et ont un accès limité à l’air libre et à la lumière naturelle. Les normes internationales précisent que les détenu·e·s devraient bénéficier au minimum d’une heure par jour à l’air libre. Cela leur donne la possibilité de faire de l’exercice, de se détendre, de prendre l’air et de s’exposer au soleil. Le temps passé à l’air libre peut également donner aux détenu·e·s la possibilité de socialiser, et de prendre part à des activités récréatives, ou de passer du temps seul·e·s s’ils/elles le souhaitent.

Le droit de toutes les catégories de détenu·e·s à l’exercice en plein air

Tous/toutes les détenu·e·s ont le droit de faire de l’exercice en plein air. Dans la pratique, le degré d’accès aux exercices en plein air peut largement varier entre les diverses catégories de détenu·e·s et entre les différentes zones de la prison. Cela s’explique parfois par les installations différentes disponibles dans différentes parties de la prison (par ex. certaines ailes ou unités, telles que celles de ségrégation ou les unités médicales, peuvent avoir une cour plus petite, voire pas de cour du tout). Ces différences peuvent également se voir justifiées par des motifs disciplinaires ou sécuritaires. Par exemple, un régime différent est souvent appliqué aux détenu·e·s dans les unités disciplinaires, ou de haute-sécurité, notamment les prisons dites « supermax », ou aux détenu·e·s condamné·e·s à perpétuité, qui n’ont que peu ou pas de temps d’exercice en plein air. Les autorités pénitentiaires devraient toutefois prendre des mesures pour veiller à ce que toutes les catégories de détenu·e·s aient accès au minimum à une heure d’exercice en plein air par jour, y compris les personnes se trouvant en ségrégation ou en isolement. Cela relève principalement d’une bonne gestion de la prison et d’un personnel correctement formé. Par exemple, on peut décider que le personnel emmène à la promenade à tour de rôle des petits groupes de détenu·e·s considéré·e·s comme exigeant une attention supplémentaire pour des raisons de sécurité.

Les installations destinées aux exercices en plein air

Les zones extérieures, parfois appelées « cours de prison » doivent être suffisamment grandes pour que les détenu·e·s puissent marcher et faire de l’exercice, compte tenu du nombre de détenu·e·s qui les fréquentera en même temps. Elles doivent réellement être extérieures, et donner la possibilité de prendre le soleil et si possible de voir la nature. Elles doivent également être équipées pour offrir de quoi se reposer, un abri contre la pluie et des installations sportives (par exemple un terrain pour les jeux de balle). Les détenu·e·s devraient recevoir des vêtements d’extérieur appropriés à cette fin.

En réalité, les cours des prisons dans certains pays ne sont pas adaptées à la pratique réelle de l’exercice et des loisirs : elles peuvent s’avérer trop petites, couvertes d’un toit, oppressantes (par ex. en forme de cage ou ressembler à une boîte en béton), ne pas avoir d’équipements ou d’abri, ce qui a pour effet de décourager la pratique de l’exercice en plein air en cas de mauvais temps.

Un environnement sûr pour l’exercice en plein air

L’administration pénitentiaire doit offrir un environnement sûr pour l’exercice en plein air, afin que les détenu·e·s puissent se mouvoir librement et s’adonner à de réels loisirs. Cela signifie que pendant les périodes d’exercice, la cour de la prison doit être suffisamment supervisée, notamment par un effectif suffisant et d’éventuelles mesures supplémentaires, telles que la vidéosurveillance. Séparer les différentes catégories de détenu·e·s pendant les périodes d’exercice (telles que les personnes en détention préventive des détenu·e·s condamné·e·s, ou en fonction des régimes de détention) peut également contribuer à un environnement plus sûr. Les femmes détenues doivent toujours être séparées des hommes, y compris pendant les périodes d’exercice et de promenade.

Femmes
Personnes étrangères
Personnes handicapées
Minorités et peuples autochtones
Enfants
Personnes LGBTI

Dans la pratique, il n’est pas rare que les cours des prisons soient des lieux de risques et de tensions. Elles peuvent être dominées par des rivalités entre différentes bandes de détenu·e·s, les déplacements de chacun·e étant scrutés et contrôlés selon les hiérarchies informelles régissant l’existence des détenu·e·s. Les cours de promenade peuvent être le théâtre de menaces, ou d’attaques violentes ou humiliantes, notamment contre les détenu·e·s les plus vulnérables, et parfois avec l’assentiment des agent·e·s de détention. Dans certaines prisons, le personnel pénitentiaire ne pénètre pas dans la cour du tout, ce qui signifie que la sécurité des détenus pendant l’exercice n’est pas garantie.

Corruption

La corruption peut sérieusement limiter l’accès des détenu·e·s à leurs droits fondamentaux en prison, notamment à l’exercice en plein air. Dans certaines prisons, chaque aspect de la vie carcérale exige le paiement d’un pot-de-vin (aux responsables hiérarchiques lorsqu’existent des systèmes informels d’autogestion par les détenu·e·s et/ou au personnel). Les détenu·e·s qui ne payent pas peuvent ne pas avoir accès à l’exercice en plein air pendant de longues périodes (ce qui peut équivaloir à un mauvais traitement). 

Enfants
Groupes en situation de vulnérabilité

L’exercice en plein air est particulièrement important pour les enfants et les jeunes en prison, dans le cadre d’un programme équilibré d’activités qui satisfasse leurs besoins en termes de bien-être et de développement. Les enfants et les jeunes ont le droit à un temps suffisant d’exercice en plein air, et au minimum à une heure chaque jour. En outre, les normes internationales prévoient que les enfants doivent pouvoir pratiquer des activités physiques et récréatives à l’extérieur. Un espace, des installations et équipements adéquats devraient être mis à dispositions pour ces activités.

Les autorités pénitentiaires doivent veiller à ce que tous les enfants et les jeunes soient physiquement capables de participer aux programmes disponibles. Une éducation physique et une thérapie correctives doivent être dispensées sous surveillance médicale aux enfants et jeunes qui en ont besoin. De bonnes pratiques observées dans certains contextes consistent à laisser aux enfants et aux jeunes un accès illimité aux zones extérieures tout au long de la journée, tout en proposant un calendrier d’activités.

Femmes

Les femmes détenues ont le même droit que les hommes à l’exercice en plein air. Dans la pratique, l’espace en plein air disponible pour les femmes est souvent plus petit que pour les hommes, et est moins bien équipé, notamment dans les prisons mixtes. Les zones et périodes d’exercice en plein air doivent être organisées de façon à ce que les femmes ne soient pas obligées d’être à l’extérieur avec les hommes détenus.

Personnes handicapées

Les détenu·e·s handicapé·e·s ont le même droit à l’exercice en plein air. Les autorités pénitentiaires doivent veiller à ce que les personnes handicapées physiques à la mobilité réduite aient accès aux zones extérieures pour l’exercice en plein air. Des efforts devraient être faits pour veiller à ce que les détenus handicapés puissent participer aux activités récréatives pendant la période d’exercice en plein air.

Personnes LGBTI

Les détenu·e·s LGBTI font face à un risque particulièrement élevé de harcèlement et de violence pendant la période d’exercice en plein air. Les autorités pénitentiaires devraient prendre des mesures appropriées pour garantir leur sécurité, notamment en s’assurant qu’il n’y ait pas d’angles morts (de zones sans supervision) dans la cour de la prison.

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Questions pour le monitoring

Toutes les personnes détenues ont-elles accès au moins une heure par jour à l’exercice en plein air ?

Les détenu·e·s ont-ils/elles tous le même accès aux exercices en plein air ? S’il existe des différences, quelles en sont les raisons ? Des mesures pourraient-elles être prises pour garantir un accès équitable?

Les zones d’exercice en plein air (la cour de la prison) sont-elles adaptées à la pratique réelle de l’exercice et des loisirs ?

Les cours sont-elles suffisamment grandes pour pouvoir marcher et faire de l’exercice compte tenu de nombre de détenu·e·s s’y trouvant en même temps ?

Les cours sont-elles réellement extérieures (pas couvertes) et donnent-elles la possibilité de prendre le soleil ?

Les cours sont-elles équipées d’installations de repos, d’un abri pour la pluie et d’équipements d’exercice (par ex. d’un terrain de jeu) ?

Les détenu·e·s reçoivent-ils/elles des vêtements appropriés pour la pratique de l’exercice en plein air ?

Les cours de la prison sont-elles des environnements sûrs où les détenu·e·s peuvent déambuler librement ?

Est-il fait état de tensions, de harcèlement ou de violence pendant les périodes d’exercice en plein air ?

Comment l’administration de la prison garantit-elle la sécurité pendant les périodes d’exercice en plein air ? Combien d’agent·e·s de trouvent en même temps dans la cour de la prison ? Y a-t-il des moyens de surveillance supplémentaires, par exemple la vidéo ?

La pratique de l’exercice en plein air est-elle découragée (par exemple s’il n’y a pas d’abri, si l’accès est limité par des pratiques de corruption, ou si la sécurité n’est pas garantie) ?

Enfants

Les enfants et les jeunes ont-ils au moins une heure par jour d’exercices en plein air, et plus si possible ?

Enfants

Des activités physiques et récréatives sont-elles proposées aux enfants et aux jeunes pendant les périodes d’exercice en plein air ?

Enfants

Y a-t-il suffisamment d’espace, d’installations et d’équipements pour la pratique de ces activités par les enfants et les jeunes ?

Enfants

Les autorités pénitentiaires veillent-elles à ce que tous les enfants et jeunes soient physiquement capables de participer aux programmes d’activités ?

Les femmes ont-elles le même accès à l’exercice en plein air que les hommes ?

Personnes handicapées

Les détenu·e·s à mobilité réduite sont-ils/elles en mesure d’accéder aux zones d’exercice en plein air ?

Personnes handicapées

Des efforts sont-ils faits pour veiller à ce que les détenu·e·s handicapé·e·s puissent participer aux activités récréatives pendant la période d’exercice en plein air ?

Personnes LGBTI

Les détenu·e·s LGBTI peuvent-ils/elles participer de manière sûre aux exercices en plein air (sans risque de harcèlement ou de violence) ?

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