En six ans d'existence, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté a réussi à s'imposer comme une institution incontournable sur les questions de privation de liberté en France. Œuvrant souvent à contre-courant, Jean-Marie Delarue, premier titulaire du mandat,  et ses contrôleurs ont aussi et surtout su rendre leur dignité à celles et ceux que nos sociétés tendent à reléguer aux oubliettes de la conscience collective : les personnes privées de leur liberté.


Depuis 2008, le Contrôleur général est parvenu à influencer positivement le débat sur les questions de détention, ainsi que les politiques publiques en la matière. Outre ses visites régulières de lieux de détention, il a su faire usage des principales armes à sa disposition, à savoir sa parole, ses rapports et ses recommandations. Il a inlassablement interpellé aussi bien les autorités que ses concitoyens sur la réalité de la détention. Dans ses rapports annuels, ses avis publics, ou encore ses entretiens avec les médias, il a redonné une voix à celles et ceux qui étaient devenus inaudibles.

L'APT suit avec grand intérêt le travail effectué par le Contrôleur. Véritable invitation à réfléchir sur la privation de liberté, chaque prise de parole est le fruit d'un travail sur le terrain, résultat de visites dans les établissements pénitentiaires, les locaux de garde à vue, les centres éducatifs fermés, les centres de rétention administrative, les établissements de santé, et autres lieux fermés. Admiratifs des analyses proposées et des positions parfois courageuses concernant des questions aussi variées que les jeunes enfants en prison et leurs mères détenues, la surpopulation carcérale ou la prise en charge des personnes transsexuelles incarcérées, nous avons fait en sorte de toucher un public beaucoup plus large, en particulier les autres organismes préventifs de monitoring.

A ce jour, la communauté des MNP représente cinquante-neuf institutions actives sur les cinq continents. Persuadés que le mouvement global de la prévention de la torture a tout à gagner d'une meilleure diffusion des avis et recommandations du Contrôleur général, nous sommes heureux de participer à leur mise en recueil, et à leur traduction vers l'anglais et l'espagnol. Nous sommes convaincus que les MNP, les autres instances de contrôle, mais également les autorités en charge d'établissements fermés et toute personne intéressée par ces questions, trouveront une véritable source d'inspiration dans les avis et recommandations reproduits ici.

Au nom de l'APT, je tiens à remercier Jean-Marie Delarue pour ces six années d'inspiration continue et à souhaiter une très longue vie à l'institution indispensable qu'est le contrôleur général des lieux de privation de liberté. J'espère que ce recueil d'Opinions et Recommandations que nous publions aujourd'hui, contribuera, grâce aux analyses et recommandations qu'il contient, à renforcer le travail de celles et ceux qui œuvrent au quotidien à prévenir la torture et les mauvais traitements dans les lieux de privation de liberté.

Note. Suite à la ratification par la France du Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines et traitement cruels, inhumains et dégradants (OPCAT) adopté par l’assemblée générale des Nations Unies en 2002, le législateur français a institué en 2007 un Contrôleur general des lieux de privation de liberté (CGLPL) et lui a conféré le statut d'organisme public indépendant. Le Contrôleur général joue le rôle de Mécanisme national de prévention (MNP) aux termes de l'OPCAT.
 

Blog Wednesday, October 29, 2014